- contrepèterie
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• 1582; de l'a. fr. contrepéter « rendre un son pour un autre »♦ Interversion des lettres ou des syllabes d'un ensemble de mots spécialement choisis, afin d'en obtenir d'autres dont l'assemblage ait également un sens, de préférence burlesque ou grivois. ⇒ contrepet. Ex. Femme folle à la messe (Rabelais) pour femme molle à la fesse.⇒CONTREPÈTERIE, subst. fém.Permutation de sons, lettres ou syllabes dans un énoncé de manière à obtenir un autre énoncé de sens cocasse et souvent obscène.Rem. 1. P. ex., les couples de mots amas/appas et patentes/ma tante servent en quelque sorte de pivot ou de plaque tournante pour passer d'un premier énoncé appelé « sujet » : mon oncle perd courage devant les amas de patentes à un second énoncé appelé « réponse » : mon oncle perd courage devant les appas de ma tante (d'apr. L. ÉTIENNE, L'Art du contrepet, Paris, éd. J.-J. Pauvert, 1957 cité par D. FRANÇOIS, Le Contrepet ds Linguistique, 1966, 2, pp. 31-52). 2. Noter supra le subst. masc. contrepet; il existe aussi un verbe contrepéter, attesté par son part. passé chez GAUTIER (Les Grotesques, 1859, p. 145 ds MAT. Louis Philippe 1951, p. 285).Prononc. et Orth. :[
]. ROB. admet également [-
] par harmonis. vocalique. Contrepetterie ds Ac. Compl. 1842, Lar. 19e-Lar. Lang. fr. et DUB. Contre-petterie ds BESCH. 1845, LITTRÉ et QUILLET 1965. Contre-pèterie ds Lar. 20e, DG et QUILLET 1965. Contrepèterie ds Nouv. Lar. ill., Lar. Lang. fr., ROB. et DUB. Étymol. et Hist. Ca 1582 (TABOUROT DES ACCORDS, Les Bigarrures, I, 8 ds HUG.). Dér. du m. fr. contrepeter « équivoquer » (1466, PIERRE MICHAULT, Doctrinal de court, f° 87 v°, éd. Genève ds GDF.), d'où le sens de « imiter, contrefaire » au XVIe s. (v. HUG.) répertorié dans la lexicogr. dep. Trév. 1752, ce verbe étant composé de contre- et de péter; suff. -erie.
DÉR. Contrapétiste, subst. et adj. : Rabelais fait œuvre de contrapétiste quand (L. ÉTIENNE, op. cit., p. 119) l'invention contrapétiste (D. FRANÇOIS, op. cit., p. 47). — 1re attest. 1957 (L. ÉTIENNE, loc. cit.); de contrepet (supra rem. 2) pour contrepèterie, suff. -iste.BBG. — MAT. Louis-Philippe. 1951, p. 285 [s.v. contrepèterie].contrepèterie ou (moins cour.) contre-pèterie [kɔ̃tʀəpɛtʀi] n. f.ÉTYM. 1582; de l'anc. franç. contrepéter « rendre un son pour un autre, équivoquer », de contre, et péter, hypothèse réfutée par P. Guiraud qui rattache le mot à piéter, d'où contrepéter « prendre le contrepied », mais l'équivoque sur péter est immédiate.❖♦ Interversion des lettres ou des syllabes d'un ensemble de mots spécialement choisis, afin d'en obtenir d'autres dont l'assemblage ait également un sens burlesque ou grivois. ⇒ Antistrophe (vx), contrepet. || Une erreur de prononciation (⇒ Lapsus) est à l'origine des contrepèteries; ex. : « Un mot de vous, et je suis sauvé ! » et « Un mou de veau, et je suis sauvé ! » (in Larousse du XIXe s.); « Femme folle à la messe » et « femme molle à la fesse » (Rabelais, Pantagruel, XVI).1 (…) l'invention desquelles consiste à trouver deux mots, les premières lettres desquelles échangées, leur donnent une diverse signification.2 (…) il portait en lui un monde de catastrophes et d'espoirs dont il se libérait par le discours. Et j'ai dit quel discours : une espèce de déconnage orphique, un galimatias d'anthologie avec des contre-pèteries jaillies de source et des coq-à-l'âne qui donnaient à réfléchir.Jacques Perret, Bande à part, p. 148.3 Naturellement, l'existence, le nom et la profession de Madame Astiné étaient une source d'ébaudissement infini, à base de contrepèteries et de calembours d'un goût exécrable; mais plus la facétie volait bas, plus vif était l'amusement.Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 22.❖DÉR. Contrepet.
Encyclopédie Universelle. 2012.